Salaire, rétribution, rémunération... les mots ne manquent pas et pourtant le sujet de la négociation ou de l’augmentation de salaire n’est pas des plus évidents à aborder. Comment fait-on pour négocier son salaire d’embauche ? Quand demander une augmentation de salaire ? Réponses et conseils avant de vous lancer !
1) DÉSACRALISER LE SUJET DE LA RÉMUNÉRATION
Parler de ce que l’on gagne reste un sujet délicat en France. C’est la notion de profit qui est en jeu et qui est encore considérée comme immorale dans notre pays. Et le contexte de crise économique n’a pas aidé. De plus, le travail est un gros investissement, dans lequel intervient beaucoup de soi, rendant la question encore plus sensible.
Mais le sujet n’est plus à prendre avec autant de pincettes et la posture du candidat sur cette question de négociation ou d’augmentation de salaire a beaucoup évolué. Alors sentez-vous libre d’en parler à l’extérieur comme à l’intérieur de l’entreprise tout en restant professionnel bien sûr !
« Je trouve que c’est de moins en moins tabou en France de parler de son salaire. Pour moi, c’est davantage dans les relations internes orientées Top Management que l’on constate une discrétion... ».
Mathilde Bisset, DRH (Sous-traitant aéronautique spécialisés dans les procédés spéciaux)
2) NE PAS HÉSITER À PARLER DU SALAIRE LORS DE L’ENTRETIEN D’EMBAUCHE
Comment parler du salaire lors de l’entretien d’embauche ? Pendant longtemps, par principe, ce n’était pas au recruté d’aborder le sujet le premier. Cette posture tend à changer un peu, car grâce aux réseaux sociaux et professionnels et à la communication digitale, les attendus en termes de salaire sont clairs et connus de tous. Il est certain que la question devra être inévitablement abordée, souvent simplement évoquée lors du 1er entretien, puis discutée véritablement à l’entretien suivant.
Alors lancez-vous dès le 1er entretien si l’employeur ne le fait pas !« C’est souvent les futurs collaborateurs qui l’évoquent. Le sujet du salaire est ensuite l’objet de discussion en dernier entretien. La direction émet une offre qui peut être challengée par le candidat. Nous travaillons avec une population composée à 94 % de cadres. À l’embauche, notamment sur des profils assez juniors, il n’y a pas de difficultés à parler de salaire. La génération Y est plus à l’aise avec ce sujet. »
Lise C, Responsable RH (Cabinet de conseil en stratégie marketing)
3) OPTER POUR UNE TRANSPARENCE « MESURÉE » LORS DE LA NÉGOCIATION DE SALAIRE
De plus en plus d’entreprises exercent une forme de contrôle à l’embauche en demandant aux recrutés de leur fournir un précédent bulletin de salaire ou une attestation employeur. Que faire alors ? Le candidat n’a pas d’obligation légale de produire ces documents au moment du recrutement, mais s’il ne le fait pas, il est certain qu’il y aura moins de transparence. Ce faisant, l’entreprise souhaite partir d’une base réaliste pour engager la négociation de salaire. Si vous ne souhaitez pas fournir ces documents justifiant votre précédent salaire, soyez honnête et dites pourquoi.
« Si le candidat ne fournit pas de fiche de paie de son précédent employeur, cela ne veut pas dire qu’il ne sera pas pris. Mais cela aura des conséquences sur son interaction avec son futur employeur en termes de transparence. Je ne suis pas forcément pour ces méthodes et le cabinet pour lequel je travaille ne les pratique pas, mais il se trouve qu’elles existent. Derrière cela, il y a l’idée de : « Vous annoncez disposer de tel package, avez-vous des moyens pour le justifier ? »
Lise C, Responsable RH (Cabinet de conseil en stratégie marketing)
4) NÉGOCIER VOTRE SALAIRE TOUT EN RESTANT RÉALISTE
La négociation porte sur un « package » qui comprend la rémunération fixe brute mensuelle, le variable individuel (primes de performance) et le variable collectif (participation et intéressement). Tout dépend bien sûr de l’envergure de l’entreprise et du dimensionnement du poste visé. Faites comme la plupart des candidats : consultez les sites professionnels d’emploi pour estimer votre salaire, arrivez à l’entretien en ayant en tête une fourchette et demandez le haut de la fourchette, espérant ainsi avoir autant sinon moins (le bas de la fourchette).
« Au-delà de la rémunération, plusieurs aspects entrent en compte. Quand une personne n’était pas à l’aise dans son précédent poste et qu’elle privilégie la qualité du contenu de son nouveau poste ou son équilibre vie privée/professionnelle, elle peut être prête à revoir ses ambitions salariales.
La négociation de salaire dépend aussi beaucoup de la possibilité d’évolution du recruté dans l’entreprise et donc de la possibilité qui lui sera donnée de voir son salaire augmenter. »
Lise C, Responsable RH (Cabinet de conseil en stratégie marketing)
5) CHOISIR LE BON MOMENT POUR DEMANDER UNE AUGMENTATION DE SALAIRE
Quand demander une augmentation de salaire ? Y a-t-il une période plus propice qu’une autre ? La demande d’augmentation de salaire intervient le plus souvent au moment des entretiens professionnels, quand vous faites le point avec votre manager sur l’atteinte de vos objectifs annuels. Elle est évaluée par les ressources humaines en fonction de la croissance de l’entreprise et du marché (salaires moyens versés en fonction des secteurs d’activité). L’employé peut aussi en faire la demande en cours d’année à son responsable s’il pense que sa requête est justifiée. Il est également préférable d’attendre que l’activité économique de l’entreprise soit bonne pour demander une prime.
« Dans notre entreprise, un employé n’est pas obligé d’attendre la fin de l’année ou son entretien professionnel pour demander une augmentation de salaire. Il peut le faire après avoir mené à bien un projet d’envergure et lorsqu’il a atteint un objectif significatif. J’analyse les indicateurs de masse salariale très fréquemment. Ce reporting a également une incidence sur la rémunération variable octroyée aux salariés. »
Mathilde Bisset, DRH (Sous-traitant aéronautique spécialisés dans les procédés spéciaux)
6) ESTIMER CORRECTEMENT SON AUGMENTATION DE SALAIRE
En dehors de l’augmentation de salaire annuelle issue des accords collectifs, l’employé peut demander une augmentation plus significative de son salaire fixe ou un variable plus intéressant au travers d’une prime (d’objectif, de rentabilité, d’assiduité). Que faut-il viser comme augmentation ? Comment l’estimer ? Se poser ces questions, c’est se demander ce que vous valez sur le marché de l’emploi en prenant en compte vos années d’expérience et vos compétences. C’est ce que vous mettrez en avant auprès de votre manager, ainsi que votre motivation durable, pour négocier une augmentation allant de 3 à 6 %, parfois plus dans certains secteurs d’activité.
« En effet, être en veille sur le baromètre des salaires permet de négocier une augmentation de salaire. Aussi, les variables de rémunération assis sur des atteintes d’objectifs collectifs sont vecteurs d’implication, de synergie entre les équipes et de dépassement... Dans une organisation industrielle comme la nôtre, nous accordons un variable significatif versé sous forme de prime semestrielle, en plus des augmentations de salaire. »
Mathilde BISSET, DRH (Sous-traitant aéronautique spécialisés dans les procédés spéciaux)
S’informer sur l'application dans les conventions collectives du principe " à travail égal salaire égal ".
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