17 Juillet 2012

Cinq questions sur le projet de site emploi de Facebook

Revue du Web du 17/07/2012 - L'express Emploi

Par Alexia Eychenne

Facebook pourrait lancer dans les prochaines semaines son propre portail emploi. Le projet, encore flou, suscite déjà critiques et interrogations chez les recruteurs. L'Express fait le point.

FACEBOOK - Le réseau social pourrait lancer au mois d'août sur propre portail emploi, entrant ainsi sur un marché jusque là dominé par LinkedIn.

REUTERS/Eduardo Munoz

Que sait-on du projet de Facebook?

Selon la presse économique américaine, en particulier l'agence Dow Jones Newswires qui a relancé la rumeur, le réseau social de Mark Zuckerberg pourrait lancer début août un portail emploi. Dès l'automne dernier, Facebook avait conclu un partenariat avec le département américain du Travail et plusieurs associations d'employeurs. 

Ce Social job partnership prend pour l'instant la forme d'une simple page d'information pour les demandeurs d'emploi. Mais il a également vocation à "explorer et développer des systèmes où des offres d'emploi pourraient être diffusées de façon virale sur Facebook, sans aucun frais".  

Présenté par la presse comme un nouveau "portail agrégeant des offres d'emploi de tiers, pour les rendre accessible via un moteur de recherche aux utilisateurs de Facebook", le site en question s'inscrirait donc dans ce contexte. 

Quels seraient ses atouts pour les recruteurs?

D'abord, l'immense force de frappe assurée par plus de 900 millions d'utilisateurs. De quoi jouer rapidement dans la cour des "jobboards" grand public et des réseaux sociaux professionnels. Sur le plan strictement quantitatif, LinkedIn, le premier d'entre eux,ne revendique que 161 millions d'utilisateurs. Autre atout de Facebook: le temps que ses utilisateurs passent dessus, soit plus de six heures par mois en moyenne. 

Mais difficile de prédire comment les recruteurs l'exploiteront sans détails sur ses fonctionnalités. Car un répertoire de 900 millions de noms ne vaut pas grand-chose si les offres restent coincées sur une page dédiée.  

"Ce n'est pas comme s'il existait déjà des sites qui agrègent les offres d'emploi", ironise le site RH américain Ere.net: pour être visibles, les offres devront atterrir directement dans le fil d'actualité des internautes. Et pour que les recruteurs comme les candidats tirent parti de la dimension "sociale", il faudra que Facebook ne se contente plus de donner accès aux "amis d'amis", mais à des réseaux de plusieurs degrés, comme le permet par exemple LinkedIn, rappelle ce même site. 

Peut-il vraiment concurrencer LinkedIn?

Ces rumeurs sur le lancement d'un service emploi par Facebook ont fait chuter l'action LinkedIn début juillet. Pas sûr pourtant que le site soit durablement menacé. "Contrairement à Facebook, LinkedIn est maintenant parfaitement optimisé pour le recrutement", avec des pages pour les entreprises, des CV optimisés, ou encore une analyse des compétences, égraine le magazine Forbes.  

Autant de fonctions qui ne semblent pas faire partie du projet de Facebook. Or pour que les besoins des recruteurs et des candidats se croisent, le site devra au moins permettre une recherche par compétences. Selon le site Mashable, seul un membre de Facebook en recherche d'emploi sur cinq indique pour le moment des informations professionnelles dans son profil. 

"J'ai du mal à imaginer Facebook comme outil de sourcing calqué sur le modèle LinkedIn. Les relations sur les médias sociaux n'étant pas toutes du même type, il semble que ce soit difficile d'avoir les mêmes relations sur un réseau unique. Il faudrait alors peut-être discriminer ses relations en plusieurs niveaux, mais cela ne dénaturerait-il pas le social network #1 en affectant par là même son succès?" s'interroge enfin le blog Recrutement Médias Sociaux. 

Comment seront protégées les informations personnelles?

C'est l'une des questions qui revient le plus souvent: comment s'assurer que les recruteurs n'auront accès qu'à ses données professionnelles, et non ses photos de famille ou dernières sorties? Comment faire en sorte que ses "amis" Facebook ne soient pas au courant d'une recherche d'emploi que l'on préfère tenir secrète? Autant de questions d'autant plus cruciales que Facebook et le monde du travail n'ont pas toujours fait bon ménage... 

"Il est actuellement loin de pouvoir séparer les domaines professionnels et personnels. Je ne reviens pas sur les nombreux faits divers liés à Facebook, les affaires de licenciements, de diffamation, résume Olivier Fécherolle, directeur général de Viadeo, qui défend sa paroisse sur L'Expansion.com."  

"J'ai une conviction: on ne peut pas mélanger les réseaux pros et persos. C'est déjà un vrai obstacle s'ils décident de se lancer. Ces affaires ont causé des torts à l'image de marque de Facebook", poursuit-il. 

Recruter sur Facebook, c'est déjà possible non?

"L'étude JobVite 2012 montre en effet que 26% des recruteurs américains ont recruté sur Facebook (diffusion par salariés des offres, applications, pages fan dédiées, etc)" rappelle sur son blog Jacques Froissant, fondateur du cabinet de recrutement Altaïde.  

D'après les indiscrétions qui circulent dans la presse, le site emploi de Facebook s'appuierait d'ailleurs sur les start-up BranchOut, Jobvite et Work4 Labs, qui permettent justement aux entreprises de diffuser leurs offres d'emploi sur Facebook. 

Les pages "fan" de Danone, Gap ou encore L'Oréal permettent par exemple de postuler en ligne. Ces services sont toutefois exploités par les grandes entreprises déjà connues du grand public, et non les plus petites en mal de candidats. 

 

À lire aussi :