Il n’est pas facile de traduire en euros une expertise que l’on n’a pas encore acquise sur le marché de l’emploi… Si l’exercice est délicat, il existe toutefois des astuces pour aider les jeunes diplômés à faire monter les enchères durant l’entretien de recrutement.
Faire une bonne estimation
Inutile de parler salaire avec un recruteur si vous ne savez pas ce que vous valez sur le marché. Pour être crédible durant votre négociation, la meilleure solution est de se plonger, en amont de l’entretien, dans les études de rémunération sectorielles des cabinets de recrutement.
« Elles constituent un premier niveau d’information pour les jeunes sortant des bancs de l’école », confirme Antoine Lecoq, directeur exécutif de Page Personnel. Attention, toutefois, à mettre ces études en perspective avec votre futur environnement de travail. La rémunération d’un chef de produit ne sera pas la même dans un groupe que dans une PME. De même, elle changera sensiblement entre Paris et la province.
Pour compléter votre recherche et préparer les bons arguments pour,parcourez également les offres d’emploi des jobboards « afin d’être en phase avec les fourchettes de rémunérations des entreprises », conseille Ludovic d’Hooghe, directeur d’Alphéa Conseil. Autre source d’information possible : les anciens diplômés de votre école. Ces fraîches recrues vous donneront de précieuses ficelles sur les politiques de rémunération des sociétés qui les ont accueillies.
Jouer sur la valeur du diplôme
Quoiqu’ils en disent, les recruteurs français accordent toujours autant d’importance au prestige des diplômes. À niveau de qualification similaire, « un jeune candidat issu d’une école de commerce renommée aura ainsi plus de marge de manœuvre pour négocier son salaire qu’un étudiant issu d’une formation universitaire », concède Philippe Jézéquel, associé de Weave Human Resources.
En fin de course, cette différence peut même se chiffrer à plusieurs milliers d’euros. « Les rémunérations annuelles des jeunes diplômés issus des écoles de rang A sont supérieures à celles des jeunes issus des établissements de rang B d’environ 4 000 euros », explique-t-il. Si vous sortez d’une école de renom et que vous souhaitez jouer la carte du diplôme lors de votre négociation, pensez à aiguiser votre argumentaire. Précisez notamment ce que le réseau de votre école vous a permis d’acquérir de plus que les autres candidats : stages, séminaires, spécialités…
Préparer des arguments fondés
Le jour de l’entretien, le recruteur vous propose un salaire annuel de 28 000 euros alors que vous tabliez plutôt sur 30 000 ? Pour réussir à grapiller des euros supplémentaires, basez-vous sur l’environnement de travail qu’il vous propose.
Si le poste requiert un niveau d’investissement important, vous pouvez vous appuyer sur cet aspect pour négocier votre rémunération. De même, « si les objectifs à atteindre sont difficiles et que le niveau de responsabilités est important, le candidat peut revoir ses prétentions à la hausse », souligne Antoine Lecoq.
Par ailleurs, pour montrer au recruteur que vous maîtrisez votre négociation, « il ne faut pas hésiter à lui demander comment est composé le package de la rémunération, s’il inclut une part variable, des primes ou un intéressement », explique Philippe Jézéquel. En effet, si le salaire global n’est pas assez important à votre goût, vous pourrez plus facilement agir sur la part variable que la part fixe.
Enfin, si votre interlocuteur vous interroge sur vos prétentions, ne donnez pas de chiffre ferme. « Préférez une fourchette serrée afin de lui montrer que vous faites preuve de souplesse », indique le directeur de Page Personnel. Attention, pour autant, à ne pas choisir de montants trop bas : les recruteurs optant systématiquement pour la fourchette minimum.
Faire la différence avec les expériences de travail
« Le nombre et la qualité des stages réalisés ainsi que la connaissance d’un marché sont des critères qui interviennent dans l’évaluation de la rémunération des juniors », explique Philippe Jézéquel. Un jeune responsable de la communication ayant à la fois une expérience de stage en agence et en entreprise devrait avoir davantage de facilités à monnayer ses compétences qu’un candidat justifiant d’une seule expérience professionnelle.
De même, s’il vise une petite structure, un assistant de direction ayant effectué un stage dans une PME devrait réussir à obtenir un salaire plus important qu’un candidat ayant travaillé au sein d’un grand groupe. Sa polyvalence et sa transversalité devrait en effet lui permettre d’avoir le dernier mot face au recruteur.
Autre compétence qui permet de faire grimper son niveau de salaire : la maîtrise d’une langue étrangère. « Selon l’exposition du poste à l’international, la maîtrise totale d’une voire deux langues vivantes peut permettre aux candidats de gagner 2 000 euros sur l’année », assure Antoine Lecoq.
Aurélie Tachot © Keljob – 22 juin 2012