Après deux années de mise en sommeil et de ralentissement de certains secteurs, la sortie progressive de la crise avec la reprise de l'activité économique s'accompagne d'un effet de rattrapage. Meilleure visibilité sur l'activité, nombre d'offres d'emploi en hausse, les entreprises confirment leurs intentions de recruter des cadres en 2022, sous certaines conditions. Explications.
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Selon l'Insee, la croissance, amorcée en fin d'année, devrait se poursuivre au premier trimestre 2022, avec une augmentation du PIB de 0,4 %, par rapport au dernier trimestre 2021.
Désormais, les entreprises disposent également d'une meilleure visibilité qu'il y a un an sur leur activité : 75 % d'entre elles estiment que leur activité est conforme ou supérieure aux prévisions. Cependant, seulement 58 % d'entre elles affirment avoir une visibilité à trois mois sur leur activité.
Avec le rebond de l'activité économique et un carnet de commandes qui se remplit, les entreprises peuvent envisager de recruter sur des postes de cadres en 2022, en particulier le secteur de la construction (68 %) et les services à forte valeur ajoutée (61 %).
Grâce à la reprise du niveau d'activité au dernier trimestre 2021, le volume d’offres d’emploi cadre a nettement augmenté (+ 24 %), revenant quasiment au même niveau qu’avant la crise, fin 2019. On assiste bien à un redémarrage des recrutements de cadres.
Au premier trimestre 2022, les intentions de recrutement sont à nouveau en hausse : 13 % des entreprises prévoient de recruter des cadres. Cette augmentation est également accentuée dans les plus grandes entreprises, avec 67 % de projets d'embauche de cadres, soit + 12 % par rapport au dernier trimestre 2021. Dans les TPE (7 %) et les PME (19 %), les intentions de recrutement sont stables.
Avec la crise sanitaire et le développement du télétravail, la digitalisation a connu une envolée spectaculaire. De nouveaux modes de travail et de consommation ont développé des besoins de compétences spécifiques, entre autres, ceux liés à la sécurité, aux réseaux et aux données.
Le domaine informatique recrute des développeurs et directeurs de projet informatique, des architectes en systèmes d’information, des ingénieurs data, des data analysts, des consultants en cybersécurité...
Pour accompagner le boom du e-commerce, les entreprises recherchent des profils expérimentés d'ingénieur commercial, ingénieur d'affaires, responsable juridique, directeur de production industrielle, ingénieur chef de projet. Le secteur de la logistique et du transport suit la même dynamique avec des intentions d'embauche de responsable S&OP (sales & operations planning), responsable d’entrepôt, responsable service clients.
Les métiers liés à la gestion et la finance sont également très porteurs, notamment comptable, expert-comptable, directeur administratif et financier, contrôleur de gestion.
Parmi les autres métiers cadres les plus dynamiques, on trouve les conducteurs de travaux pour le secteur de la construction, en tension.
Les cadres sont également très convoités dans les secteurs les plus directement impactés par la pandémie, celui de la santé/action sociale, avec +46% d'offres d'emploi en 2021, et l'industrie pharmaceutique (+21%).
Malgré la hausse des intentions de recrutement, un quart des entreprises ont abandonné leur projet de recruter en 2021 pour au moins un poste de cadre, par manque de candidatures correspondant au profil recherché. Celles qui ont recruté malgré tout ont dû revoir leurs prétentions à la baisse et ajuster leurs recrutements : 44 % ont recruté un cadre ne possédant pas toutes les compétences techniques attendues et 40 % un cadre ayant moins d’années d’expérience que prévu. De même, 47 % d'entre elles ont dû augmenter la rémunération proposée. D'ailleurs, après deux années de stagnation et dans un contexte de guerre des talents, tous les secteurs vont probablement supporter une hausse des salaires.
Le décalage entre les candidatures reçues et les exigences du recruteur explique également une partie de ces difficultés. Pourtant, paradoxalement, les seniors de plus de 55 ans sont encore victimes de discrimination et leurs candidatures souvent mises à l'écart, comme celles des jeunes issus des quartiers de la politique de la ville. Ainsi, de nombreux ajustements restent encore à réaliser, entre autres, au niveau des pratiques de recrutement plus inclusives, ainsi qu'au niveau de la formation. |